« Effets » de la colonisation
Il y a cinquante ans, la Guinée d'Ahmed Sékou Touré disait « Non! » à la proposition de Communauté française du général de Gaulle. Un an après l’indépendance du Ghana de Kwame NKrumah (ex-Gold Coast), le refus de Sékou Touré de se voir administré par la France sous quelconque dénomination ouvrira avec fracas l’ère des indépendances dans l’empire colonial français.
Le « Non! » de Sékou Touré provoquera le départ immédiat des troupes et du «matériel» colonial et le début d'une longue période teintée d’indifférence blessée, côté français, et de stigmatisation anti-francais, côté guinéen. Tous ceux qui étaient accusés de « pactiser avec l’ennemi » (la France) furent forcés à lexil ou, comme ce fut le cas pour les opposants politiques, promis à la mort dans le tristement célèbre Camp Boiro.
Cinquante ans après l’indépendance de la Guinée, si beaucoup de constructions coloniales ont disparu, il reste cependant des traces de ce que les hommes actuellement au pouvoir en France tentèrent en 2005 d’inscrire dans la loi comme des « effets » indiscutablement « positifs » de la colonisation : routes, constructions, ouvrages divers, ponts et autres infrastructures nécessaires à lextraction des richesses de Guinée. L'apprentissage de la langue française ne manque pas non plus dêtre retenu au rang des effets bénéfiques de la présence impériale française. En Guinée, les «effets» de cette présence française, qui dura près d’un siècle, ne peuvent toutefois être considérés sans rappeler la mission civilisatrice - et économique - qui animait la France lors de ses conquêtes coloniales : une présence marquée par la domination, la certitude absolue dune supériorité de civilisation, l’extraction forcée des matières premières qui assurèrent à la France un développement économique rapide et à la Guinée un asservissement de longue durée.
Cette série de photographies propose de revisiter quelques lieux de la présence impériale en Guinée et de faire répondre ces pièces d’histoire à des images de la présence guinéenne en France, où vivent environ 30 000 Guinéens.
Ces images sont issues de l'ouvrage de photographies et de textes « Paris-Conakry », paru aux éditions Karthala en 2008 (épuisé).