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Vivre riche dans une ville de pauvres


A Glasgow (Ecosse) bat le cœur de la révolution industrielle, celle de la machinisation, au milieu du XIXème siècle. Les marchands de tabac, de sucre, d’esclaves ou de coton ; les patrons de l’industrie métallurgiste, des chantiers navals ou des mines de charbon ont garni la deuxième ville de l’empire britannique de bâtisses toutes plus évocatrices de leur grandeur passée. Trente ans après la délocalisation des industries et le laminage de la population ouvrière de Glasgow, les autochtones continuent de payer la facture des années Thatcher (1979-1990). A Glasgow, les habitants des quartiers pauvres vivent moins longtemps qu’au Bangladesh. Ils détiennent le record de l’espérance de vie la plus basse d’Europe : 54 ans pour les hommes - 75 pour les femmes.

Ces chiffres accablants ont été publiés en août 2008 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a publié l’enquête « Combler le fossé en une génération ». Ce rapport a révélé que la différence d’espérance de vie entre un enfant né dans un quartier riche de Glasgow - au sud et à l’ouest - et un nouveau-né mis au monde dans un quartier pauvre de la même ville - à l’est - atteignait 28 ans. Malgré la stupéfaction que pourrait provoquer la lecture de l’enquête de l’OMS, cette ségrégation de classe parait translucide, presque invisible. A Glasgow, les riches sont beaux, attentifs, généreux. Et les pauvres sont perçus comme inactifs, drogués et alcooliques. Les clichés de l’époque victorienne perdurent et l’idée que la richesse des uns soit liée à la pauvreté des autres paraît inconcevable.

Du château de Kelburn où le Comte de Glasgow et son fils, le Vicomte David Boyle, attirent les touristes avec des peintures sociales d’artistes brésiliens, aux salons feutrés du Art Club de Glasgow où se réunissent rituellement les notables du Rotary Club de Glasgow, plus vieux du genre en Ecosse, au siège social de la City Refrigeration Holding, où William Haughey, patron multi-millionnaire, s’adonne à la philanthropie ; en passant par les jeunes habitants des quartiers pauvres de Glasgow qui errent entre programmes obligatoires de recherche d’emploi et défonces collectives, ou les citoyens investis dans la lutte contre le drogue, comme M. Jim Doherty, ce sujet est un voyage entre des classes qui s’ignorent mais vivent côte-à-côte.

A Glasgow davantage qu’ailleurs, « l’injustice sociale tue », pointe l’OMS, dont l’enquête aurait dû faire l’effet d’une bombe - mais a produit l’effet d’un clapotis.

Ce sujet a été publié sous la forme d’un reportage dans Le Monde diplomatique (août 2010).

Julien Brygo
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Le Vicomte de Glasgow est un jeune aristocrate cool. Il a fait peindre le château familial par des artistes brésiliens. "Ils se sont inspirés de l'ambiance des favelas de Rio." David regrette que les riches hommes d'affaires soient devenus "les héros des temps modernes", alors que les mécanismes de transmission de la richesse qu'ils appliquent au sein de leur classe "est le même que dans l'aristocratie" ; qui, elle, "reste raillée et perçue comme une caste de privilégiés".
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Les grandes villes industrielles ont ceci de commun qu'elles concentrent une bourgeoisie qui a jeté son dévolu et son argent dans l'art. Au Glasgow Art Club de Glasgow se tiennent chaque mois les réunions du plus vieux Rotary club d'Ecosse. Un cercle de banquiers à la retraite, d'assureurs, promoteurs, médecins, avocats, notables.
"Ce n'est pas à cause de la pauvreté que les gens meurent jeune à Glasgow, c'est parce qu'ils mangent mal., très gras. Les Fish and Chips par exemple.",
dit le président du Rotary.
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Glasgow contre Glasgow, un film photographique


22 minutes - 2014

Un film photographique de Julien Brygo
Montage : Matthieu Parmentier et Sandrine Romet-Lemonne
Mixage : Clément Chauvelle
Prix du Jury au Festival Les Nuits Photographiques 2014.

Film photographique réalisé pour le site du Monde diplomatique.
Ce film est tiré de l'article « Vivre riche dans une ville de pauvres », paru dans Le Monde diplomatique d'août 2010.

Pour se procurer le DVD, écrire à julien-brygowanadoo.fr

Glasgow versus Glasgow


22 minutes - 2014
A photographic movie by Julien Brygo
Editing : Matthieu Parmentier et Sandrine Romet-Lemonne
Sound works : Clément Chauvelle
Adaptation of the article « Glasgow's Two Nations », printed in Le Monde diplomatique (september 2010).
On June 28th 2014, this movie received the Jury Prize of the festival "Les Nuits photographiques", in Paris 

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