« Hollande, DSK, etc. » (2012)


Réalisation : Julien Brygo, Pierre Carles, Nina Faure, Aurore Van Opstal

Avec la participation de Alain Accardo, Gilles Balbastre, Laurent Bonelli, Alain Garrigou, François Ruffin, Arapede Productions.

Image: Philippe Tomert

Son: Nicolas Mas, David Rit

Montage: Matthieu Parmentier, assisté de Vincent Hanotaux et Annabelle Basurko

Chargé de post-production: Pascal Blondela
Mixage: Clément Chauvelle
Opérations spéciales: Alexandre Borrut, Michel Fiszbin, Marc Pantanella


Pour voir le film : http://www.cp-productions.fr/hollande-dsk-etc/


Pour commander le DVD :

C-P Productions

Site Officiel : http://www.pierrecarles.org/



« Hollande, DSK, etc. » ou la fabrique de l'opinion électorale


Depuis plusieurs années, le Parti de la presse et de l'argent (PPA) sélectionne pour nous les candidats qu'il juge suffisamment capables de perpétuer l'ordre dominant - et de préserver l'impunité des journalistes dominants. À l'approche du premier tour de l'élection présidentielle 2012, le PPA favorise délibérément le candidat de l'Union pour un mouvement populaire (dont le temps de parole est le plus important depuis le 1er janvier) et le candidat du Parti socialiste, qu'ils s'efforcent de peindre en rose, voire en rouge, pour créer l'illusion d'une opposition fondamentale entre ce qu'ils appellent "la gauche" et "la droite".

En réalité, ce match annoncé, ce duel préparé, cet affrontement mis en scène (qui devait se jouer entre Sarkozy et Strauss-Kahn, lequel fut remplacé après l'affaire du Sofitel, toutes choses égales par ailleurs, par Hollande), n'est pas un combat politique entre "droite" et "gauche" mais entre la droite dure (l'UMP, ex-RPR) et le centre-droit (le PS), les deux partis politiques français qui ont le plus œuvré pour le triomphe du libéralisme économique ces trente dernières années - et qui nous ont conduit droit dans le mur. François Hollande, pour mémoire, a été un des artisans majeurs du tournant libéral de 1983 (il était alors un membre éminent du groupe rocardien "Transcourants" et avait alors co-rédigé le livre "La gauche bouge", avec ce chapitre éclairant : "La concurrence est de gauche"). Il fut premier secrétaire du Parti socialiste pendant les années Jospin (1997-2002) qui, "en matière de privatisations, (réalisa) en trois ans un programme plus important que n'importe quel autre gouvernement français" (Revue socialiste, juillet 2000).

Dix ans plus tard, amaigri et soutenu par la presse dominante, ses propos sur son "adversaire", "le monde de la finance" (qui n'aurait, selon lui, "pas de nom, pas de visage, pas de parti"), scandés au Bourget, devraient logiquement être jugés à l'aune de ses autres déclarations (au journal britannique The Guardian, par exemple, le 14 février dernier, s'adressant aux financiers de la City : "La gauche a gouverné pendant quinze années, durant lesquelles nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n'y a pas de crainte à avoir."). Mais, surtout, ces promesses électorales devraient être mises en parrallèle avec l'exercice du pouvoir par ce même Parti socialiste. Mais le PPA fait table rase du passé et milite pour l'amnésie.

Pour donner l'illusion d'une démocratie où les électeurs seraient libres de choisir, éditorialistes, patrons de presse, journalistes politiques, commentateurs et autres sondeurs multiplient les prouesses éditoriales et journalistiques pour favoriser leurs chouchous. Appel au vote utile, mise en abîme d'une menace Marine Le Pen (dont ils estiment qu'elle est désormais la candidate des ouvriers, alors que le parti des ouvriers est davantage celui de l'abstention que celui du nationalisme), recadrage permanent du "débat" par le prisme du "réalisme économique" (c'est-à-dire la baisse des dépenses publiques, la poursuite de l'œuvre de privatisation des entreprises publiques et le maintien des privilèges des puissants)... Ils préconisent donc la rigueur pour le peuple français (mais pas pour eux)... Logique, donc, que les deux favoris soient les candidats de l'austérité, Nicolas Sarkozy et François Hollande (et qu'ils s'abstiennent de faire les bilans réalistes de leurs années au pouvoir).

Les candidats qui proposent de sortir de ce dogme libéral et de cette logique de bipartisme à la française (ce ver dans le fruit de la constitution de la Vème République) sont systématiquement jugés "peu crédibles", voire carrément "nuls" (Joly, Poutou, Arthaud, Dupont-Aignan), "populistes" (Mélenchon et Le Pen) ou carrément drôlatiques (Bayrou, Cheminade). Pour mieux les écarter de la scène, neuf rédactions, sur une idée audacieuse de Jean-Michel Aphatie et d'Arlette Chabot, ont même proposé de modifier la loi sur l'égalité du temps de parole et écrit une lettre au Conseil constitutionnel (jugée non-recevable) pour réduire la période d'égalité de cinq à deux semaines. Le but étant d'empêcher la présence d'un candidat de gauche au second tour des élections présidentielles. Que tout change pour que rien ne change…

Sur une idée originale de Pierre Carles, auteur en 1995 d'une enquête sur les médias en campagne pour l'élection d'Alain Juppé aux élections municipales de Bordeaux (Juppé, forcément, visible sur le site pierrecarles.org), Aurore Van Opstal, journaliste belge, et moi-même, avons interrogé quelques-uns des éditorialistes les plus influents (Jean-Michel Aphatie - RTL, Canal +, Gala -, Laurent Joffrin et Renaud Dély - Le Nouvel Observateur -, Nicolas Demorand - Libération -, Maurice Szafran - Marianne, Denis Jeambar - auteur d'un documentaire sur la campagne de Hollande pour France 3 -, Yves Calvi - France 2, France 5) et des journalistes politiques fidèles à la ligne édictée par leurs patrons (David Revault d'Allonnes - Le Monde -, Matthieu Ecoiffier - Libération). Du bas en haut de l'échelle, un seul et même discours, celui du déni : "Non, nous n'avons jamais favorisé Dominique Strauss-Kahn dans nos journaux" ; "nous n'avons pas non plus favorisé François Hollande" et "oui, il s'agit bien d'un duel droite-gauche". Fermez le ban ! ... Et ouvrez la porte des prétoires !

Car avant même que le film ne soit achevé, Laurent Joffrin, Renaud Dély et Jean-Michel Aphatie ont tenté de nous intimider, par le biais de leurs avocats. leur objectif : faire en sorte que ce film ne voie pas le jour. Eux qui escamotent jour après jour les "débats" en favorisant leurs candidats, hurlent aujourd'hui à la "malhônneteté", à la "fourberie" et même à l'"escroquerie" puisque pour obtenir des rendez-vous avec eux, nous avons usé de quelques subterfuges - dont nous ne sommes pas forcément très fiers - mais qui se sont avérés fructueux. À posteriori, ce qui les dérange, ce sont les propos qu'ils ont tenu devant notre caméra. Passer pour "des imbéciles, des truqueurs, voire pire", comme le disait Alain De Greef à propos de "Pas vu à la télé" (1997) est pour eux inacceptable et ils se serrent donc les coudes, tous ensemble, contre la presse libre (et sardone). Il est ainsi savoureux de les voir devant nous se gausser de "déontologie" voire d'"honnêteté" et de les admirer se draper des oripeaux de la vertu journalistique dont ils sont les saboteurs quotidiens. Trois mois après la sortie du film, nos fins limiers avaient rangé leurs petits courriers à en-tête et sont rentrés à la niche, soucieux de ne pas nous faire de publicité en mettant à exécution leurs menaces. Depuis PLPL (zéro procès en cinq ans), puis Le Plan B (idem), les éditocrates savent bien que la pire des choses à faire serait de nous attaquer : ils seraient de facto obligés de se confronter à une critique construite de leur hégémonie - et à une ire de la salle, qui, bien plus dure que nos plumes sardones, exigerait leurs têtes ! C'est ce qu'il fallait à tout prix éviter. Dont acte.

En avant première-mondiale le 15 avril 2012 sur le site pierrecarles.org, nous organisons par ailleurs un certain nombre de projections, plus ou moins sauvages, de "DSK, Hollande, etc." dans différents cinémas, festivals, parcs, murs de la ville... Si vous aussi constatez que les journalistes dominants et leurs pipistrelles sont devenus des dangers pour la démocratie et des fossoyeurs du débat d'idées, venez nombreux !

Toutes les informations sur le site www.pierrecarles.org

« Opération Correa : Les ânes ont soif » (2014)

Réalisation : Pierre Carles


Interviews : Julien Brygo, Nina Faure et Aurore Van Opstal


Étalonnage : Pascal Blondela

Mixage : Christophe Héral

Montage : Gilles Bour

Produit par C-P Productions et Annie Gonzalez

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