À lire dans Le Monde diplomatique d’août 2019, Peut-on encore vivre sans Internet, un reportage dans le Nord de la France sur les millions d’oubliés du numérique, ces quelque 23% de Français qui ne sont pas à l’aise avec Internet. Un terme assez peu subtil a fait son apparition pour désigner le fait de
ne pas être équipé d’appareils informatiques, de ne pas maîtriser leur fonctionnement ou de ne pas disposer d’une connexion : l’« illectronisme ». À l’heure de la dématérialisation à marche forcée, les procédures administratives mais aussi les actes les plus ordinaires en société (réserver un train, faire ses courses, prendre le métro, payer sa facture, s’inscrire à une compétition sportive, emprunter un tronçon d’autoroute…) passent désormais obligatoirement par la possession d’un ordinateur ou d’un smartphone (74% de la population). Une société sans contact se profile, avec des millions de citoyens confrontés de force à des écrans. Reportage réalisé au printemps 2019 entre Hondschoote, Grande-Synthe, Dunkerque et Lille. À lire en cliquant ici.
À lire dans Le Monde diplomatique de juillet 2019, Rigolez vous êtes
exploité, un article sur l’avancée du management-danse-des-canards en
France, notamment à l’hôpital-usine de Toulouse, où la direction propose
des ateliers de rigologie (attention, marque déposée) à ses soignantes
dans un service en restructuration. Hashtags “gagnant-gagnant”,
“bêta-endorphines”, “arrêts-maladie”, “lâcher-prise”, “salsifis” et
“préavis de grève”…
À lire sur le site de Bastamag, « Looser », « opposant »,
« timide » : au CHU de Toulouse, un document suggère de cataloguer des
soignants (26 juin 2019).
Seriez vous un « looser », fragilisé par des situations difficiles de travail ?
Ou un « opposant » qui conteste trop souvent la direction ? Ou encore un « pessimiste » ?
C’est en ces termes qu’une docteure influente a proposé de cataloguer
les personnels soignants du centre hospitalier universitaire (CHU) de
Toulouse qui participent à certaines réunions de crise, suite au décès
d’un patient notamment. Une manière de « neutraliser » les avis
divergents, et un exemple supplémentaire de la façon dont la parole des
soignants est considérée par la hiérarchie, alors que les mouvements
sociaux se multiplient au sein des hôpitaux publics.
« Je veux pas aller » est sélectionné pour la compétition documentaire du festival Partie(s) de campagne (du 18 au 21 juillet à Ouroux en Morvan) ! Plus d’infos sur le film, ici.
Samedi 8 décembre, acte 4 des Gilets jaunes. il est question de prendre l’Élysée, carrément. C’est aujourd’hui la révolution. La semaine dernière, l’Arc de Triomphe a même été tagué. Toute la semaine, les éditorialistes ont préparé l’opinion à une guerre à feu et à sang. Il y aura des morts, en boucle. Le pouvoir a lâché des miettes pour ne rien concéder sur l’essentiel. Et la veille, la France entière a vu la même image : celle de mômes de 15 ans parqués en ligne les mains sur la tête, humiliés par la police.
Dès 9 heures du matin, France Info annonçait plus de 200 manifestants gardés à vue à Paris (700 en France), 500 à 17 heures. Au final, la police fera plus de 1000 arrestations rien qu’à Paris (près de 1800 en France). Au rendez-vous des rejoignistes du cortège interluttes, fixé à 10 heures à Saint-Lazare, le comité Justice pour Adama Traoré, des cheminots, des syndicalistes, le NPA, le collectif féministe révolutionnaire, le Claq, les postiers, des membres d’Attac, le collectif Rosa Parks (etcetera, etcetera) ; des centaines, peut-être des milliers de gens, qui ont tenté en vain de rejoindre les Champs-Élysées. Nassés entre la gare Saint-Lazare, l’opéra et les grands boulevards, la cortège a été forcé à l’éparpillement par les camions à eau et les pluies de lacrymogènes. Les manifestants tentèrent de s’approcher de l’Hôtel de ville, puis l’essentiel des troupes arriva à Bastille, suivant la fanfare des féministes, puis à République, loin des Champs-Elysées, loin des autres grappes gigantesques de gilets jaunes.
Dans les rangs des manifestants, on pouvait entendre des slogans divers : « Tous à genoux comme les lycéens », « on est français ou quoi? », « la manifestation est un droit constitutionnel », « Édouard Philippe c’est dégueulasse », « la police c’est dégueulasse », « Rothschild démission », « Paris, debout soulève-toi! », « police partout justice nulle part », « de l’air, ouvrez les frontières », « tout le monde déteste la police », « Macron démission » ; et des réflexions (« Tu crois qu’avec le temps, tu es mithridatisé des gaz lacrymogènes, mais non, en fait. On ne s’y fait jamais. », « Y’a une chose qu’on réalise c’est que les manifs Répu-Bastille, c’est fini. On pourra difficilement revenir sur des parcours balisés. C’est les lieux de pouvoir qu’il faut viser. »)
Co-réalisateur des Nouveaux chiens de garde en 2012 (250 000 entrées au cinéma), Gilles Balbastre vient de réaliser, avec la Fédération Nationale Mines Énergie (CGT), le film Main basse sur l’énergie, un documentaire sur le mode narratif de la série télévisée Les Incorruptibles. Dans ce film en six épisodes, Balbastre enquête sur les énergies renouvelables et fait le lien avec le démantèlement du service public de l’énergie. Dans ce premier épisode d’un entretien en deux parties, le réalisateur démontre comment l’industrie des éoliennes est devenue une véritable rente pour hommes d’affaires peu scrupuleux à la fois de l’environnement et des conditions de travail des salariés. Il poursuit sa réflexion sur la privatisation des barrages hydroélectriques, reconduite par l’ex-ministre Nicolas Hulot et sur la manière dont elle prive les citoyens d’une énergie peu chère et effectivement renouvelable, au profit de grandes entreprises comme Total, de fonds de pension ou de divers détenteurs de capitaux ravis de ce cadeau inespéré : la cession des barrages.
Après le ministère américain de la défense, l’armée chinoise et les supermarchés Walmart, la chaîne de fast-food McDonald’s est le quatrième employeur au monde : près de 2 millions de personnes dans plus de cent pays turbinent chaque jour pour le compte du clown Ronald. L’enseigne aux arches dorées emploie quasiment 80 000 personnes en France et est devenue en quarante ans le premier employeur des jeunes. Son modèle : la franchise (les royalties et les loyers), le CDI à temps partiel et la guerre aux syndicats.
À Marseille, niché au cœur des quartiers nord, le restaurant de Saint-Barthélémy va à l’encontre du modèle social dominant de McDonald’s. Les 77 salariés y travaillent pour beaucoup depuis plus de vingt ans. En 25 ans de Big Mac, les salariés (au nombre de 370 si l’on considère l’ensemble de l’unité économique et sociale de six restaurants) ont réussi à conquérir des droits inédits au sein du groupe. L’équipe syndicale du restaurant, emmenée par Kamel Guémari, délégué syndical (Force ouvrière) aux vingt ans d’ancienneté, est même parvenue à exporter son savoir-faire au-delà des frontières de leur quartier enclavé, ce qui est intolérable pour McDonald’s.
Ce film retrace la guerre que McDonald’s France a déclarée à son bastion syndical marseillais. Il tente de montrer comment des salariés solidaires, armés du code du travail et d’un avocat de combat, peuvent lutter pour un travail digne à l’intérieur du carcan de la première chaîne de fast-food au monde, qui n’a pas encore fait la part belle à l’ubérisation. Il montre aussi que la hantise du patronat est toujours la même : que les salariés s’approprient leur travail et l’organisent comme ils l’entendent.
Production : Le Média TV ; Réalisation : Julien Brygo ; Montage : Robin Vollais ; Conseillère éditoriale : Nina Faure ; Conseiller au montage : Matthieu Parmentier ; Image : Romain Rondet (Primitivi) ; Nina Faure, Adonis Romdhane ; Prise de son : Julien Brygo ; Mixage : Yves Zarka ; Habillage : Jacques Muller.
Paysan, philosophe, gourou, icône… Pierre Rabhi est tout cela à la fois. Depuis plusieurs dizaines d’années, cet Ardéchois d’adoption, proche des patrons et des puissants, est devenu l’incarnation du petit paysan volontaire qui, avec son bon sens, appelle à une écologie… apolitique. Dans son édition du mois d’août 2018, le mensuel Le Monde diplomatique a consacré une enquête à la Une sur Pierre Rabhi, intitulée le système Pierre Rabhi. Dans le cadre de ma première émission au Média TV, j’ai reçu le journaliste Jean-Baptiste Malet pour développer la pensée qu’il amorce dans son article.
Combats de coqs, concours d’épluchage de pommes de terre ou trophées d’empiffrage de plats caloriques, la région du Nord est friande de compétitions stimulantes et innovantes. Parmi elles, une course de vitesse méconnue : le championnat du monde de décorticage de crevettes grises. Mais derrière cette épreuve hautement sportive se cachent des intérêts un peu moins pittoresques.
Un reportage à retrouver dans l’édition de septembre du mensuel CQFD